Infréquentable ? De tous les sentiers de randonnée qu’offre la chanson, ceux de Bénabar sont parmi les plus fréquentés. Ce nouvel album a de quoi réjouir ! Bénabar poursuit l’évolution amorcée avec Reprise des négociations ; la mène plus loin ; va où elle veut aller. Ose. Surprend. Bénabar ne fait pas du Bénabar. Il aurait pu faire d’un de son style un procédé. Pas lui. Pas envie. Il a écrit ses chansons dans son coin, comme d’habitude, puis a changé d’habitudes. A commencer par les choix de production. Jusqu’ici, il abordait ses chansons au piano. « J’avais mes repères, mes cycles d’accordsà » Cette fois, c’est sur une guitare que les petites nouvelles ont pris naissance. Puis, aux arrangeurs Jean-François Berger et Fabrice Ravel Chapuis, déjà compères de studio lors de la dernière session, s’est joint François Delabrière. Il a mixé le précédent album de Bénabar, réalisé ceux de Kyo et de Daniel Darc, entre autres. C’est un producteur à l’anglaise. Il a des sons dans la tête - il entend les cordes à Londres. Alors ça va pop, cette pop légère et allurée des années 60, affirmant ici l’éclat classieux de ses cuivres, une élégance crâne à la Nino Ferrer, une joie mélancolique de canzonetta italienne. C’est une musique de variétés, terme toujours revendiqué par Bénabar alors qu’il a longtemps suscité la réprobation du milieu musical. Nouvelles chroniques de l’humain contemporain - ses beautés, ses bêtises, sa solitude. Nouvelles chansons de Bénabar - où l’on voit l’ours danser sur un volcan. Et le chanteur se mettre en danger, se remettre en question. Ce n’est pas si fréquent.